En se réappropriant le format des portraits domestiques, il pose des visages sur les franges sociales dites « invisibilisées ». La fatigue et l’isolation sont autant de situations que Lucas Compagnoni aspire à faire émerger d’une intimité à laquelle le regardeur se retrouve confronté. Afin de donner des clefs de lecture au regardeur, Accompagnant ses images de textes, il insère des citations littéraires ou théoriques à propos du travail et des paroles de travailleurs. « Quand le travail est bien fait, on ne le voit pas. Comme un silence. Le silence coïncide souvent avec l’échec de la reconnaissance. » Le Blanc de Meudon, est un reflet de ses propos engagés dans lequel il montre les gestes répétitifs d’un technicien de surface nettoyant des vitres.
L’une des branches de son travail est née d’une réflexion à propos de l’héritage colonial que porte la flore des jardins. Tecoma capensis, cycas revoluta, sedum palmeri entre autres, en sont des exemples. La démocratisation de leur usage ornemental les a fait se fondre dans le paysage vernaculaire. Les palmiers qui coiffent les côtes sont peut-être le symbole de cet emprunt exotique, qui au fil du temps, les a inscrits dans la culture locale. Lucas Compagnoni s’interroge autant sur des questions d’ordre social, économique et écologique. L’économie touristique, entraînant les décisions politiques a participé au basculement de leurs rôles et de leurs statuts.
Dans le cadre du studio de recherche de l’ESAAix Terrains, l’artiste à l’occasion d’exposer son travail au Musée Granet en 2023. Il a également exposé durant la même année au Centre d’art Polaris à Istres. En 2024, l’artiste était en résidence à la Villa Antonine à Béziers durant laquelle il a pu étudier les jardins de la villa et y a exposé son travail en mai à l’occasion de sa sortie de résidence. Il expose en août à la Chapelle Notre-Dame-des-Grâces à Roure. Son travail est actuellement visible à Nuremberg à la Galerie de l’académie pour l’exposition Metamorphosis.
27 octobre 2023